Cercle Thieulâm

Écoles d’arts martiaux chinois traditionnels
法國少林聯合會

LE STYLE HUNG GAR

Caractéristiques du Style

Le HUNG GAR est un style réputé très dûr, de par ses positions basses et stables.

un style pour les hommes forts ou pour ceux qui veulent le devenir “

Les frappes sont puissantes, explosives et sont essentiellement basées sur la recherche énergétique. Bien que le travail nécessite une très grande décontraction, chaque frappe est censée détruire l’adversaire.

Le style se travaille en deux temps. Un temps essentiellement technique portant sur les bases et l’acquisition des formes (certains disciples ne dépasseront jamais ce stade). Un deuxième temps pour le travail énergétique, dangereux pour le pratiquant lui même s’il est mal interprété.

C’est ce qui confère au HUNG GAR son côté secret, certains aspects n’étant distillés qu’au compte goutte à des disciples sûrs. Ceci explique la vision que l’on a bien souvent du style avec des pratiquants qui axent leur travail sur la force et la puissance uniquement.

On retrouve dans ce style toute la richesse de l’art traditionnel, avec les formes animales et les 5 éléments.

Le HUNG GAR est un style des plus efficaces, conçu à l’origine pour lutter à mains nues contres des combattants armés, ce qui est l’explication de la tenue caractéristique : les bracelets cloutés et autres ceintures de cuir destinés à encaisser et bloquer les attaques d’armes.

Le Hung Gar, quelles origines ? 

L’école Hung Gar est un style majeur de kung-fu de la Chine du Sud, considéré par beaucoup comme le descendant direct de la technique élaborée par les moines-guerriers du célèbre Temple de Shaolin. C’est pourquoi on en parle souvent en lui donnant plus spécialement le titre, que d’autres styles contestent, de SIU LAM PAI.

Le terme “Hung Gar” signifie en cantonais “famille Hung” (“Hung Chia” en Mandarin). On trouve aussi l’appelation “Hung Kuen” : Poing de Hung.

 

Hung Hei-Kwun

1745 – 1825

Le premier travail de synthèse qui fut à la base de cette école est à mettre au compte de Hung Hei-kwun

Né à Yangzhou au 18ème siècle, Il fut marchant de thé avant de rejoindre le Temple de Shaolin. C’était un homme doté d’un physique particulièrement robuste et jeune homme, il était intéressé par les arts martiaux. Pendant un voyage d’affaire dans la province du Kwantung, il eut une dispute avec des nobles Ching. Abandonnant les affaires, il alla directement au Temple de Shaolin et demanda au moine Sam Tak de l’aider à être accepté comme disciple. L’abbé Chee Sin, supérieur du Temple, accepta sa requête. Le talent et l’ardeur de Hung au travail impressionna les anciens autant que le moine Sam Tak et l’abbé Chee Sin, moine-expert rescapé du Shaolin du Fukien à la fin du 18ème siècle. Ce dernier pratiquait des techniques à long rayon d’action, il lui enseigna le style du Tigre que Hung, naturellement puissant, maîtrisa parfaitement. A la fin de son apprentissage, au bout d’à peine six ans, sa force était telle que “ses dix doigts, de la dureté de l’acier, pouvaient broyer une pierre comme l’on brise du bois mort” et il était considéré comme le meilleur disciple de sa génération. 

 

Par la suite, Hung fit la rencontre d’une femme, Fong Wing-chun, qui avait développé des techniques de corps à corps, toutes en esquives, à partir d’une observation intelligente du héron. Quelque temps après sa rencontre avec Hung, le père de Yim Wing Tsun fut assassiné par un redoutable expert en combat du nom de Tsing. Elle jura de venger son père mais, consciente de son infériorité physique par rapport à Tsing, elle parvint à convaincre Hung de se charger de cette mission. Hung accepta et trois années durant il s’astreignit à maîtriser cette forme et en particulier tout le travail des esquives. Selon l’histoire, il parvint effectivement à tuer Tsing par la suite. Au cours de ces trois années, il entreprit aussi de combiner le style du Tigre à celui de la Grue. La synthèse des styles du tigre et du héron fut à l’origine d’une école qu’il baptisa HUNG KUEN, FU HOK PAI (“les écoles du tigre et du héron du sifu Hung”) et basée sur le “tao du tigre et du héron” (Fu hok sheong yin kuen). La légende raconte qu’à la suite d’un duel qui vit périr son adversaire, il dut quitter le Fujian en se cachant à bord du bâteau d’une troupe de théâtre itinérante. Recueilli par celle-ci et engagé comme cuisinier, il révéla sa science du combat dans la ville de Canton, en protégeant seul ses compagnons de voyages contre la pègre locale. Quelques années plus tard, Hung revint dans cette ville pour s’installer dans le Temple du Grand Bouddha, où il professa secrètement la boxe en attisant la révolte contre la dynastie mandchoue. Dix ans plus tard (vers 1813), afin d’entraîner le peuple pour s’opposer aux colonialistes étrangers, le gouvernement Ching leva la restriction sur l’enseignement et la pratique des arts martiaux. Hung Hei-kwun senti le moment opportun pour retourner chez lui dans la ville de Fa, dans la province du Kwantung, et ouvrir une école d’arts martiaux. Mais il savait que le gouvernement gardait un oeil sur le Temple de Shaolin, aussi quand il ouvrit son école, il utilisa le terme “Boxe Hung Gar” qu’on appelait aussi “Hung Gar Kung-Fu” au lieu du nom d’origine, “Shaolin”. Depuis les arts martiaux chinois sont désignés sous le terme “Kung- Fu” dans le Sud de la Chine. Hung Hei-kwun ne baptisa pas son style, “Hung Gar” à cause de son propre nom mais à la mémoire du premier Empereur Ming, Hung-mo Chu… Il entreprit ce travail pour développer son corps et apprendre à se défendre…

Pour parvenir jusqu’à nous, le Hung Gar a bénéficié d’une généalogie de maîtres exceptionnels qui ont su apporter chacun leur touche personnelle pour améliorer et imposer leur style dans le monde des arts martiaux chinois. Chacun de ces maîtres célèbres a eu une vie riche en exploits et en légendes.

Les successeurs de Hung Hei Kwun

Les successeurs de Hung Hei-kwun transmirent sa technique mais revinrent aussi davantage sur les techniques de combat du serpent, du dragon et du léopard , reconstituant par là le véritable Siu Lam Kung-fu. Le premier, Luk Ah-Choy fut envoyé près de Hung Hei- kwun dans la ville de Fa par le vieux moine Chi Zin pour parfaire ses connaissances sur le véritable art de Shaolin. Après six années sous la tutelle de Hung, Luk Ah-Choy devint un expert dans l’art et fut envoyé à Canton, la plus grande ville du Sud, pour y diffuser le Hung Gar.

Wong Tai était le plus talentueux successeur de Luk Ah-Choy et son fils, Wong Kay-ying était aussi un artiste martial doué. Ce dernier maîtrisa vite le style et contribua au développement du Hung Gar qui devint populaire et compta le plus grand nombre de pratiquants dans le Sud. Wong Kay-ying fut l’un des “Dix tigres de Canton”, les dix meilleurs artistes martiaux élus par leurs pairs. Son fils, Wong Fei-hung fut encore plus célèbre et devint un véritable héros populaire dont la vie nimbée de légendes fut relatée dans plus d’une centaine de films, de séries télévisées, de programmes radio et de publications. Wong Ping Pui, expert en Hung Gar vivant actuellement en Espagne, affirme qu’il tenait tête à trente adversaires par ses seules techniques du “bâton des huit trigrammes”! Mais son exploit le plus célèbre est le combat qu’il gagna contre un molosse dressé à déchiqueter ses adversaires. Le duel se passa à Hong Kong à l’initiative d’un étranger qui provoqua Wong Fei-hung pour qu’il prouve son efficacité face à un chien grognant et bavant. La bête lachée, il esquiva calmement ses assauts désordonnés puis feinta en levant la main; le chien bondit pour le mordre, c’est alors que Wong tourna sur lui-même à la vitesse de l’éclair pour esquiver tout en frappant du pied dans le ventre de l’animal qui s’effondra sur le sol en geignant avant de mourrir d’une hémorragie interne. Le tout se passa si vite que les nombreuses personnes qui assistaient à la scène ne se rendirent pas bien compte de la manière dont le maître avait gagné son combat… Aujourd’hui encore le nom de Wong Fei-hung est resté célèbre et sa légende continue d’inspirer les cinéastes contemporains, même si leurs adaptations n’ont aucun rapport avec la réalité. 

 

Wong Fei-Hung

1847 – 1925

Son successeur, Lam Sai-wing (en illustration) fut un personnage important du Kung-Fu contemporain. Garçon boucher de son métier, c’était un bon vivant débonnaire qui étudia trente années avant d’ouvrir sa propre école à Canton. A l’instar de son maître, il releva et gagna de nombreux défis dont le plus connu l’opposa à un bonze surnommé “tête de fer”. Au début du 20ème siècle, alors qu’il habitait à Canton et qu’il ne parvenait pas à vivre de son enseignement, il travailla comme gardien dans le théâtre de la ville. A cette époque où des troubles éclataient systématiquement dans les lieux publics, sa seule réputation épargnait le théâtre de ce genre de désagréments… Du fait de ses propres élèves, eux-mêmes provocateurs de trouble, il fut obligé d’émigrer à Hong-Kong. Ses idées progressistes permettent d’y populariser le Hung Gar auprès du grand public, abandonnant les pratiques de la plupart des maîtres qui gardaient jalousement une partie de leurs connaissances pour leur propre compte. Au lieu de ça, il transmit tout son savoir à ses successeurs et travailla très dur à la publication de trois livres sur le Hung Gar. Il réorganisa et modernisa le style, notamment en apportant un nouveau tao (Mui Fah Kuen). Le travail de Lam Sai-wing fut grandement apprécié par la communauté des arts martiaux et servit d’exemple pour ses successeurs. 

Notons que le Hung Gar sert encore de référence à des écoles de Vo (art martial vietnamien) par l’intermédiaire des ouvrages écrits par le Sifu Lam Sai-wing. En effet ses livres décrivant les formes fondamentales du Hung Gar ont été traduits en vietnamien mais demeurent introuvables en français ou en anglais. La similitude Hung Gar -Thieu lam n’ à donc rien d’étonnant, les deux styles étant tous deux directement issus du Monastère de Shaolin. 

Chan Hon Chung étudia le Hung Gar et la médecine traditionnelle chinoise auprès de Lam Sai-wing et devint l’un de ses meilleurs élèves. Grâce à sa maîtrise de l’art, il entraina les troupes chinoises pendant l’occupation japonaise. A partir de 1959, il devint président de la plus grande organisation d’arts martiaux du Sud de l’Asie, la “China Martial Association of Hong-Kong“, et ce pour vingt ans. Il enseigna jusqu’en 1989 et consacra les deux dernières années de sa vie à l’exercice de la médecine traditionnelle. Un autre disciple de Lam Sai-wing, Zhao Jiao, vécut cent ans notamment grâce à la pratique de la forme “Tit Shien Kuen”, un secret familial jalousement gardé. 

Il légua son savoir à son fils, Zhao Wei, aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands maîtres actuels de Hong-Kong. Ce dernier saisit toutes les opportunités pour faire connaître son style… A 55 ans, en 1985, il se rendit à Xian en Chine Populaire pour participer au premier Championnat Technique International de Wushu. Il se classa deuxième en Nan Quan (boxe du Sud) derrière un sportif chinois, trente ans plus jeune que lui, qui avait présenté une forme tenant plus de l’acrobatie que de l’art du poing de Shaolin. Aujourd’hui à 68 ans [en 2010] il enseigne toujours, récemment de passage en Espagne, la pratique des formes et le travail du Chi alliés à une musculation intensive. 

Aujourd’hui le Hung Gar est un des styles majeurs des arts martiaux chinois dans le monde entier et est représenté sur les cinq continents et notamment aux Etats-Unis qui ont connu une grande immigration chinoise. A Hong-Kong, on dénombre une bonne trentaine de sifu propageant le style. C’est d’ailleurs à partir de la communauté de Hong-Kong que se répandit le Hung Gar en occident.

 

Généalogie : la filière du Cercle Thieulâm

Chee Sin (Shaolin)

Hung Hei-Kwun (fondateur)

Luk Ah Choy

Wong Kay Ying (l’un des 10 tigres du Sud)

Tang Fung

Chao Wing Tak

Lam Chueng Ping (Espagne)

Raphael Pallanques

Christian Grolier

Michel Person N’Guyen

Jean Paul Cabrol