Cercle Thieulâm

Écoles d’arts martiaux chinois traditionnels
法國少林聯合會

1000 ans de domination du bâton
Volet 2 (550 – 630)

Partie 1 : De Jinna Luo à Taizong

Au dernier numéro, nous avions laissé Bodhidharma au sommet de sa gloire, au monastère de Shaolin. En fait rapidement, notre personnage va disparaître dans de mystérieuses conditions. Place maintenant à sa légende qui va se développer en même temps que l’aura de Shaolin. Pendant près de 1000 ans, au gré des aléas de l’histoire, le monastère va se développer et acquérir petit à petit une solide réputation martiale dans le domaine des… armes!

Bodhidharma a transmis au moins deux exercices de santé, mais il faudra encore quelques siècles pour que ce savoir se transforme en véritable Kung-Fu.
L’histoire de notre monastère qui avait si bien commencé, se poursuit avec difficulté, puisque déjà en 556, le temple est partiellement détruit par des voleurs. 

Quelques années plus tard, en 575, suite à l’interdiction sur le bouddhisme et le taoïsme décrétée par l’empereur Tai Wudi (de la dynastie Zhou du nord), le monastère est abandonné. Rapidement, l’empereur Zhougongdi décide de le faire rénover, lui changeant son nom par la même occasion : Shaolin devient le temple de Zhihu. L’esprit de Bodhidharma est toujours présent, mais l’art martial n’habite pas encore les moines. 

L‘année 581 est marquée par un évènement important pour notre histoire : le temple est attaqué par une troupe de brigands. Les moines essaient de résister, mais rapidement, ils sont submergés et c’est la “débandade”! C’est alors qu’intervient un moine mendiant qui était hébergé depuis quelques jours dans l’enceinte du monastère. Armé de son seul bâton, il se lança dans la mélée. Avec virtuosité, célérité, il mit hors de combat tous les bandits à sa portée. Il frappait à droite, à gauche… toujours avec une grande vitesse et une redoutable précision. Supris d’une telle résistance, la troupe d’assaillants fait volte-face et se replie en ordre dispersé. Après cette victoire inattendue, les moines tombent à genoux devant leur sauveur, pour le remercier. Ils le supplient de rester avec eux pour leur enseigner cet art du bâton si efficace. Le mendiant connu sous le nom de Jinna Luo, accepta et resta quelques années pour leur apprendre son savoir… 

En 583, le temple retrouve son appellation d’origine ainsi que ses privilèges, grâce à l’empereur Wendi de la dynastie Sui. En 612, le temple est partiellement incendié par une révolte paysanne. Il faut attendre 618, pour qu’un autre évènement majeur, marque la destinée de notre monastère. Le chef militaire Li Shimin, voulait renverser le prince Zheng de la dynastie Sui. Il demanda de l’aide aux moines de Shaolin, dont la réputation au bâton était grandissante. Le pouvoir impérial étant anti-bouddhiste, plusieurs centaines de moines armés de bâton sortirent du monastère et l’aidèrent dans son combat contre le général Wang Shichong. Li Shimin gagna la bataille et se nomma empereur sous le nom de Taizong. Il fonda la dynastie T’ang qui perdura pendant près de 300 ans (618 – 907). Devenu empereur, il n’en oublia pas pour autant, ceux qui l’avaient aidé. Il annoblit 13 moines qui s’étaient distingués dans les combats. Le moine Tan Zong fut même nommé “Général en chef”. Il donna en plus, 36000 hectares de terre au monastère. Il “demanda” aux moines d’entretenir une armée de 500 moines-guerriers, les autorisant à pratiquer et à développer les arts martiaux. Il leur autorisa finalement à boire du vin ainsi qu’à manger de la viande, ce qui est en contradiction avec les 5 interdits bouddhistes que doivent respecter les moines (voir plus bas). En examinant leur façon de vivre, on peut se demander, si ces moines guerriers n’étaient pas plus guerriers que moines.

Il paraît aujourd’hui indiscutable, que cette valorisation de Shaolin par l’empereur, cachait quelques arrières pensées. Il pensait ainsi contrôler ce puissant monastère, tout en disposant d’une armée d’élite, peu nombreuse, mais efficace, et surtout…incorruptible! Les moines ne furent pas dupes de l’ascendant que l’empereur voulut prendre sur eux. Et avec beaucoup de diplomatie, ils profitèrent de leurs avantages, pour vivre ce qui allait rester dans l’histoire comme l’apogée du temple de Shaolin: 1000 moines (dont 500 moines-guerriers) et plusieurs milliers de serviteurs sur un territoire grand comme la moitié de la Camargue. Le supérieur réussit à faire comprendre à Taizong qu’ils étaient des moines et non des mercenaires à la solde du trône. Cependant, le temple aidera encore une fois l’empereur en 630, pour repousser l’invasion Mongole, mais seulement parce que le pays était menacé. Cette intervention victorieuse reconduira les privilèges déjà accordés par l’empereur. Shaolin va pouvoir s’assoir sur ses acquis, mais nous verrons la suite dans le numéro 4.

LES 5 INTERDITS BOUDDHISTES

Ne pas tuer. 

Ne pas voler.

Ne pas être obscène. 

Ne pas mentir. 

Ne pas boire d’alcool.